Description
Le nez: la complexité est d’abord chaleureuse, mordorée, chatoyante, d’un exotisme oriental : fruits confits, frangipane, épices douces, coriandre fraîche. À la respiration, le safran se fait plus gris, plus iodé, le bouquet peu à peu s’assombrit, en apparence plus retenu, mystérieux, apaisé et apaisant. La bouche: l’enveloppe se déploie instantanément, en mode majeur, opulente et aérienne, énergique et sensuelle, toujours centrée sur le fuit. Dans une troublante correspondance entre nez et bouche, la volupté se fait graduellement plus grave, pus profonde. L’ensemble tient la note intensément, racé, salin, vaguement réglissé. Dom Pérignon Vintage fait de la dégustation une expérience mémorable. Foisonnante de sensations, pénétrante d’émotions, elle révèle un champagne qui tient son intensité de sa précision. Celle-ci s’affirme dans un dialogue gastronomique où mets et ingrédients viennent éclairer chacune des facettes du champagne, offrant une véritable expérience d’élévation. Une route vers l’éternité: pour chaque millésime, un nombre limité de flacons est réservé, prédestiné à une maturation plus longue. Pendant ce temps supplémentaire, l’activité à l’intérieur du flacon continue de croitre. Par ailleurs, à l’époque de dom Pérignon, le vin effervescent ne peut exister qu’en bouteille bouchée; tandis qu’avec la loi promulguée en 1691 qui impose la vente en tonneaux pour prévenir de multiples fraudes, seule la vente en fûts est autorisée, jusqu’à l’arrêt du Conseil royal du 25 mai 1728 sous Louis XV permettant le transport du vin en paniers de cinquante ou de cent bouteilles. Néanmoins, cela n’interdit pas une mise en bouteille pour une consommation personnelle et dans son Épître «La Chasse à M. de Rosières» écrit le 14 septembre 1692, Charles Perrault atteste de l’existence à cette date de «pétillant vin de Champagne». Une autre légende prête alors à Dom Pérignon ces propos lorsqu’il goûte son premier vin qui aurait ensuite été fabriqué vers 1697 selon la méthode champenoise: «Venez mes frères, je bois des étoiles» mais l’apparition de cette citation apocryphe n’est attestée qu’à la fin du xixe siècle sur de la publicité de champagne. Dom Pérignon n’est donc pas à l’origine de l’usage de la seconde fermentation effervescente du champagne : au contraire, il a toujours cherché à réduire les conséquences de ce défaut du «vin du diable» qui engendre des pertes considérables, sa réussite reposant sur l’élaboration et la commercialisation de vins tranquilles de «la Montagne» et de «la Rivière». Le processus d’élaboration du champagne effervescent a été une œuvre collective et de longue haleine, où dom Pérignon a joué un rôle majeur, mais essentiellement dans le développement de l’art de l’assemblage. Au début du XVIIIe siècle, le champagne tel que nous le connaissons aujourd’hui fait en tout cas le bonheur des tables aristocratiques et royales (telles celles de Pierre de Montesquiou d’Artagnan, l’un des principaux acheteurs), les seules à pouvoir s’offrir le précieux breuvage. D’autres légendes lui sont associées, comme celles d’être l’origine des caves champenoises ou de la flûte à champagne. C’est l’un des successeurs de dom Pérignon à l’abbaye d’Hautvillers, le procureur Dom Jean-Baptiste Grossard qui, dans une lettre en date du 25 octobre 1821 adressée à M. d’Herbes, maire-adjoint d’Aÿ, fait naître la légende de Dom Pérignon «père du champagne», ce qui accroît le prestige et la vente des vins de sa communauté religieuse. Durant près de quinze années, le champagne accroît son énergie pour atteindre un paroxysme de vitalité. Plus rayonnant, il se déploie dans toutes les dimensions pour devenir plus ample, plus long, plus profond, plus intense. Sa longévité est prolongée. Dom Pérignon est ainsi patiemment élevé vers un nouveau sommet d’expression. Dom Pérignon Vintage révèle une maturité assumée, élevée. Issu de ce caractère abondant, le vin apparaît aujourd’hui dans une puissance évidente et vraie : celle d’une richesse délicate qui, tendue entre fraîcheur et minéralité, se fait aérienne. Elle évoque un or léger, magnifié par l’énergie de la lumière: un or radieux.